samedi 24 octobre 2020

Coup de gueule : Pourquoi la deuxième vague du COVID19 est plus forte ? Plus grave ? Plus mortelle ?

 

Mais parce que nous n’avons pas trouvé les bonnes réponses aux questions posées par la première crise de la pandémie …. PARDI !

 

Pour cela, je vous invite à vous, à nous, reposer les questions pour lesquelles nous avons donné les mauvaises réponses, ou pour lesquelles nous n’avons même pas donné de réponses.  

 

Tout le monde était d’accord sur les conclusions des biologistes … qui restent toujours les plus crédibles dans cette affaire … en tout cas beaucoup plus crédibles que nos dirigeants et nos hommes politiques (je ne dis plus scientifiques, car c’est devenu un terme bateau qui embarque même les industriels). Les biologistes ont affirmé que :

 

1)    La pandémie du COVID19 est le résultat de la baisse de l’immunité de l’HOMME – 

2)    La pandémie est le résultat de l’énorme perte de la BIODIVERSITE sur terre et en mer.

 

La première thèse a été confirmée par le fait que le continent africain est demeuré le continent le moins touché par la pandémie – jusqu’à présent – protégé par son retard «économique » et son « retard technologique ».  

 

Ses « retards» par rapport surtout à un développement industriel et à un modèle de vie aseptisé – qui a imposé aux pays du Nord – un modèle alimentaire industriel « emballé » pauvre et toxique…. Pauvre en nutriments, en carbones et en vitamines naturels – toxique en antibiotiques et en produits chimiques polluants. 

 

Petites images publicitaires virales dans nos télévisions pour illustrer ceci : pour montrer une maison propre tenue par une femme moderne, on montre une femme bien maquillée – dans une maison fermée, équipée de machines hypermodernes (réfrigérateurs, climatiseurs, machines à café ….) - qui utilise des bombes déodorantes, aseptisantes, insecticides, pour tuer les cafards, les moustiques, les mouches, les bactéries ….et qui utilise des produits emballés prêts à la consommation (laits, céréales, viandes, colorants….)

 

JAMAIS on expliquera à la télévision, à la radio ou à l’école :


- que pour avoir une maison propre et saine, il faut avoir de grandes fenêtres ouvertes pour aérer, il faut avoir des arbres partout pour faire de l’ombre et rafraîchir,


– que les araignées et les grenouilles se nourrissent de mouches, de moustiques et de cafards – que les bactéries sur la peau sont nécessaires à notre immunité et que le maquillage est toxique et cancérigène, 


- qu’il faudrait avoir son potager dans son jardin et faire son propre compost…

 

Quant à la seconde thèse, elle se confirme par la nécessité de créer un nouveau vaccin, qui doit s’adapter à la fragilité de notre système immunitaire. Un nouveau vaccin, c’est-à-dire une souche de bactéries et de virus que la nature a perdu et que nos corps ne peuvent plus reconnaitre.

 

Et au lieu de nous aider à renforcer notre immunité et à restaurer notre biodiversité, nos dirigeants (que nous aurons dû enfermer dans des cages pour non-assistance à Planète en danger) n’ont pas trouver mieux que nous imposer le port d’un masque (dont l’étude d’impact environnemental et social n’est pas encore faite) et l’abus d’alcool !  

 

Aujourd’hui, je vous conseille de vous prendre en charge, chers concitoyens, (qui a inventé ce mot ??) ! 

 

Nous avons tellement investi la nature et vous voyez le résultat … 


Il est temps de laisser faire la nature … écoutons la, suivons la, imitons la….


La Citoyenne Lambda

 

 

 

 

 

 

 

 

 

vendredi 29 décembre 2017

Lettre ouverte à mes chers frères ennemis



Je vois ces temps-ci une véritable campagne menée contre Tawassoul essentiellement par mes amis que j’aime bien. Et puisque je les aime bien, tous les deux, je vais intervenir pour essayer d’améliorer la qualité du débat ou de la réflexion.

Pour commencer, j’aimerais préciser que je ne suis ni « laïque » ni « islamiste », mais étant musulmane, je suis fondamentalement laïque et islamiste.

J’aimerais aussi dire à mes chers amis qui mènent l’offensive, que je suis totalement indépendante, idéologiquement, politiquement, « tribalement », mais que j’aime bien mes amis de Tawassoul que je respecte et qui me respectent aussi, malgré que je suis une femme, qui parle français, qui serre les mains des «kouffar» et qui organise des festival de Hip Hop et de cinéma…

J’entends tout de suite la fameuse réplique « Oui, c’est connu, ils ont un double langage, et font un jeu double» … une phrase que l’on sort très souvent, dont je n’évoquerai pas l’origine ici (sa paternité), mais je dirais simplement que, comme dans les textes coraniques, les interprétations paraissent souvent contradictoires car dépendantes du temps, du lieu et du contexte … et je dirais aussi qu’elles ont la souplesse absolument nécessaire à nos sociétés « nomades », pour qu’elles puissent s’adapter et pour évoluer dans un monde en perpétuelle métamorphose.

Mes amis de Tawassoul sont constamment critiqués, hués, insultés et pourtant ils ont démontré qu’ils étaient les meilleurs dans l’arène politique, meilleurs que beaucoup d’autres idéologies dites « modernes » et qu’ils apportent plus de réponse aux besoins des populations que tous les autres programmes et projets de société développés chez nous.

Oui, diraient certains, mais ils n’ont pas le droit d’utiliser l’islam comme programme politique …. C’est comme si eux seuls étaient musulmans et que les autres ne le sont pas ???? Je n’évoquerais pas non plus ici la paternité de cette théorie, mais je dirai simplement que l’islam n’est pas qu’une idéologie mais aussi un savoir, un savoir-faire, un savoir-être et un savoir-vivre ensemble.

Oui, diraient certains, mais l’Islam réclame l’application de la chariaa…. Je dirais que OUI l’Islam pratique la chariaa… Mais qu’est-ce que la chariaa ?  La chariaa n’est pas (comme ON l’a si bien ancré dans tous les esprits) que l’application de sanctions « barbares » comme couper une tête, une main ou flageller quelques pauvres ivrognes ou amants adultères ….  NON pas du tout !

Appliquer la chariaa de l’islam c’est aussi et surtout appliquer plus d’humanité, plus d’amour, plus de miséricorde, plus de justice, plus de responsabilité, plus de redevabilité, plus de partage, plus de respect, plus de tolérance, plus d’équité, plus d’égalité, plus de rigueur, ….

Cependant, sommes-nous certains que cela fait beaucoup plus « juste », plus « moderne », et plus « humain » de passer d’une guillotine à une chaise électrique, ou de passer sa vie, isolé dans une terrible cage noire, … pour les mêmes crimes … ?

Plus sérieusement, ne pensez-vous pas, mes chers amis, chers frères ennemis, qu’il est temps pour nous, de nous asseoir ensemble (si, si, c’est bien possible et même nécessaire) autour d’une même table pour discuter ensemble (Laïques et Islamistes) de nouveaux modes de gouvernance, de justice, de politique, … plus créatifs et plus adaptés à nos modes de vie, à nos histoires personnelles et à nos aspirations pour notre belle patrie commune, au lieu de passer notre temps à copier-coller des discours importés d’Europe, des USA, des Emirats, d’Arabie ou d’ailleurs ??

Sans rancune.
La Citoyenne Lambda


lundi 29 août 2016

Interconnectées : esquisse d’un mouvement féminin en Mauritanie


Elles sont une quarantaine de femmes qui portent de jolies melhafas (voiles mauritaniens) ou de boubous colorés et elles se sont réunies  aujourd’hui dans une salle de conférence au cœur de la ville de Nouakchott. Elles sont fonctionnaires, consultantes, professeurs, militantes des droits de l’Homme, journalistes, députés ou  présidentes d’ONG. La crème des compétences au féminin. Elles sont de toutes les catégories sociales, de toutes les communautés, de toutes les formations politiques, majorité et opposition.

Elles répondent à l’invitation des initiatrices du projet « Interconnectées » Fatma et Fatimetou.

Genèse du projet : 

Fatma Oumrane El Kory est une femme pionnière en matière de Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. Elle créa en 2001 le premier portail dédié à la femme Mauritanienne : Maurifemme. Le portail, qui fait aussi office de plate-forme de formation et de  forum d’échanges, fait la promotion des femmes actives en Mauritanie et renseigne sur la situation socio-économique et politique des femmes mauritaniennes. Grâce au partage de l’information nationale, régionale et internationale, Maurifemme est devenu un outil de plaidoyer pour toutes les militantes actives de la société civile Mauritanienne.

Aujourd’hui, elle lance avec son partenaire, le Groupe des initiatives de Plaidoyer pour la participation politique des femmes, le projet « Interconnectées ».

« Deux projets m’ont toujours tenu à cœur : La Maison de la Femme et Interconnectées. Le premier n’a pas encore trouvé de financement et le second vient d’être lancé grâce à la Coopération Espagnole et son programme Massar : un programme d’accompagnement des processus de gouvernance démocratique. » Nous confie Fatma.

«L’objectif final du projet « Interconnectées » est d’améliorer l’information et la coordination des actions de plaidoyer sur les droits des femmes en Mauritanie afin de mettre en place une esquisse de mouvement féminin mauritanien, consensuel et concerté.  Ainsi nos délégations qui nous représentent sur les scènes internationales, ne partiront plus en ordre dispersé, seront mieux préparées et plus coordonnées avec une vision et des stratégies formelles ».

 Pour Fatimetou Mint Saleck, coordinatrice du projet et membre fondatrice du Groupe des Initiatives de Plaidoyer pour la participation politique des femmes, le GI3PF, ce projet est l’aboutissement d’un long processus de réseautage et de plaidoyer qu’elles ont entamé depuis 2006, avec un groupe d’une vingtaine de femmes. Aujourd’hui ce groupe compte plus de cent femmes issues de la société civile et politique.  

« Nous avons voulu dupliquer notre expérience locale, une expérience réussie de coordination et de collaboration, entre les forces politiques féminines, en matière de plaidoyer au niveau local, que nous avons voulu réaliser à un niveau national » nous explique Fatimetou.

« Lorsque nous nous sommes adressées à notre partenaire qui est l’agence Espagnole de Coopération pour le Développement (AECID) pour avoir leur soutien financier, il nous a été proposé de collaborer avec « Maurifemme » qui possède un récépissé et qui nous a déjà offert une bonne visibilité pour nos actions, surtout pour notre pétition sur l’augmentation du quota des femmes dans les listes électorales.»

Objectifs d’Interconnectées :

La création d’une Plateforme des femmes mauritaniennes, est d’abord l’expression d’une demande des partenaires techniques et financiers au développement de la Mauritanie, selon la coordinatrice du projet. Pour nous aussi, la fédération des actions politiques féminines devient une urgence pour faire porter nos voix et dénoncer toutes les formes de discrimination. La plateforme permettra une meilleure coordination et devra aboutir, à terme, à la création d’un mouvement féminin mauritanien.

Pour l’instant, le projet Interconnectées est en train d’organiser des concertations dans 4 wilayas de Mauritanie (Trarza, Inchiri, Nouadhibou et Adrar) pour tracer une feuille de route avec les femmes leaders, actives dans la politique et dans la société civile.

Cette feuille de route sera soumise à l’approbation générale lors d’un atelier national et devra proposer les activités du projet, à savoir, un agenda des femmes 2016-2017, un site web avec une base de données « Kaleidoscope féminin », l’animation d’une série d’émissions radiophoniques, la réalisation d’un documentaire sur le mouvement féminin mauritanien.  

Pour Jemila, présidente d’une jeune association féminine, le projet « Interconnectées » est une excellente opportunité de visibilité pour les jeunes associations qui n’ont pas les moyens d’avoir des sites web ou qui n’ont pas encore de reconnaissance juridique. «Ma grande appréhension est d’être l’objet de tiraillements de leadership qui empoisonnent les relations entre les femmes en Mauritanie et aussi j’ai peur que ce projet reste à un niveau élitiste sans que la grande masse n’y ait accès. » nous confie-t-elle.

Quelles perspectives pour un mouvement féminin ?

Selon un sociologue consulté, il existe déjà quelques prémisses de mouvement féministe en Mauritanie, depuis la création de l’Etat indépendant, avec des avancées certes insuffisantes, mais bien existantes. Selon lui, plus de 50% de la population ne peut pas accepter d’être continuellement marginalisée et d’ailleurs personne ne peut l’accepter, car cela constitue un trop lourd manque à gagner.

« Le processus se fera, en principe, comme partout dans le monde » explique l’expert. « Les sociologues ont défini un certain nombre de conditions pour le développement de la participation féminine qui restent  toujours d’actualité. Ces conditions peuvent se résumer dans le  binôme « plus d’éducation, moins d’enfants », un binôme bijectif, c'est-à-dire que l’un fait l’autre. Ce binôme permet à la femme d’avoir du temps pour développer ses compétences et prendre progressivement sa place. »

Il dit aussi qu’il ne faut pas se faire d’illusions, car la Mauritanie est au tout début du processus, qui est généralement, relativement long. Il est incontestable que les grands obstacles à l’éducation féminine chez nous n’existent plus : le refus de l’école pour les femmes n’existe plus, même si la déperdition scolaire chez les filles demeure très importante.

Le militantisme féminin reste déterminant pour faire avancer les causes qui déterminent  la cohésion sociale. D’ailleurs les sociologues affirment qu’une cause ne dévient réellement pertinente et efficace que lorsqu’elle est prise en charge par les femmes.

Traduire pour construire


« Notre identité se construisit en 1584, lorsque

la bible fut traduite en Slovène par Jurij Dalmatin. »



Bienvenue à Ljubljana !

Abrutie par une longue nuit d’avion entre Nouakchott (Mauritanie) et Paris (France), suivie d’une attente stressante de 12h dans l’aéroport parisien en grève, j’avais du mal à garder  les yeux ouverts pour suivre les paysages qui défilaient à travers le hublot de l’avion qui entamait sa descente vers ma destination. Une destination qui m’est alors totalement inconnue, avec un nom illisible que j’ai appris à prononcer grâce à l’hôtesse de l’air : Lubiana – la capitale de la Slovénie.

Quand tout à coup, une vision grandiose me réveilla tout à fait… Je venais d’apercevoir la magnifique chaîne montagneuse des Alpes Dinariques qui caractérisent les Balkans : un massif de montagnes noires coiffées par des cimes toutes blanches, jalonnées de multiples lacs et rivières – à perte de vue. De quoi couper le souffle à la sahélienne que je suis.

Enroulée de la tête au pied dans les cinq mètres de tissu de ma melhafa (voile), j’avais l’habitude d’attirer l’attention des polices d’immigration, et donc je préparais en conséquence mon passeport et mes documents de séjour à ma descente d’avion. Grande fût ma surprise lorsque je me suis retrouvée hors de l’aéroport sans avoir rencontré aucun policier ni gendarme…. C’est bien la première fois que je vivais la libre circulation des personnes dans l’espace Schengen.

Dehors, un jeune homme blond au visage barbu et accueillant, m’attendait avec une pancarte portant mon nom. Il venait de la municipalité de Piran et devait me conduire à Portoroz - le « Port des roses » perché sur la mer Adriatique - ma destination finale.

Tout au long des 120 km de notre parcours, je découvrais avec émerveillement les forêts d’hêtres et de sapins blancs qui recouvrent les massifs montagneux, les vastes landes tapissées de chatoyantes pelouses alpines à perte de vue. Envolée la fatigue, envolés le stress et l’angoisse, je respirais à plein poumon l’air vivifiant, je dévorais des yeux l’extraordinaire paysage vert. Lubiana méritait vraiment son titre de Capitale verte de l’Europe 2016.

Pourquoi la Slovénie ?

Je venais, si loin de chez moi, pour répondre à l’invitation de la Fondation Anna Lindh qui organise la première conférence Euro-méditarréenne sur « la Traduction pour le Dialogue ».

Fidèle à sa mission de construire des ponts entre les deux rives de la méditerranée et à ses actions qui contribuent à l’élaboration d’une stratégie interculturelle pour la région, la Fondation Anna Lindh a invité – les 23 et 24 juin 2016 à Portoroz - une centaine d’experts et d’acteurs culturels, d’une quarantaine de pays, impliqués dans la chaîne de traduction pour promouvoir le rôle de la traduction dans le dialogue des cultures.

Et le choix de la Slovénie pour abriter une telle conférence n’est pas le fruit du hasard.

Située en Europe Centrale, membre de l’Union pour la méditerrané et riche par sa diversité culturelle - fruit de ses nombreuses identités (Slovènes, Serbes, Croates, Bosniaques, Hongroises et Italiennes) - la République de Slovénie a toujours été soucieuse de la prospérité, de la stabilité et de la sécurité dans la Méditerranée.

La Municipalité de Piran, surnommée la Perle de la Méditerranée, jouit d’une solide réputation de respect des valeurs d’égalité, de tolérance et de respect qui font d’elle une destination privilégiée des visiteurs du monde entier.

En entrant dans Piran, j’ai été surprise de voir les signalisations routières écrites en deux langues : Slovène et Italien. Mon accompagnant m’expliqua cette singularité par l’existence d’une population locale, minoritaire, italienne. Et que par conséquent, la ville était officiellement bilingue.

Il me raconta aussi une autre particularité de la ville : Piran qui a une population à 100% blanche avait un maire noir ! Peter Bossman, surnommé l’OBAMA de Piran, est un homme politique slovène d’origine ghanéenne. Arrivé en 1977 à Lubiana pour suivre des études de médecine, il épouse une jeune Slovène et s’installe à Piran. Elu en 2010 maire de la ville, il devient le premier maire noir  d’une ville de l’ex-Yougoslavie.

Dans son discours de clôture de la conférence sur la Traduction, le ministre Slovène de la Culture, Antone Persak, justifia la tenue d’une telle conférence dans son pays par l’histoire : « Notre identité se construisit en 1584, lorsque la bible fut traduite en Slovène par Jurij Dalmatin. Un processus qui s’acheva avec notre accession à l’indépendance, il y a de cela 25 ans exactement.»

 Pourquoi la traduction ?

 « La traduction est la langue de la Méditerranée », déclare Mme Elisabeth Guigou, présidente de la Fondation Anna Lindh, lors de son discours d’ouverture de cette première conférence dédiée à la promotion de la traduction comme outil essentiel au service du dialogue interculturel. « Traduire aujourd’hui, c’est réconcilier demain. Traduire aujourd’hui, c’est donner les moyens à ceux qui on tout abandonné, les moyens éducatifs et culturels de préparer un futur. Traduire aujourd’hui est devenue une stratégie culturelle et politique nécessaire

Considérée comme instrument de transmission des savoirs et des idées, la traduction est l’une des solutions des plus durables pour faire face aux défis économiques, culturels, politiques et sociaux qui affectent les deux rives de la méditerranée. Des défis cristallisés dans l’extrémisme, le chômage des jeunes, les flux migratoires et la crise des réfugiés, selon les conférenciers réunis pour débattre et proposer une politique concrète et ambitieuse à la traduction des œuvres scientifiques et littéraires ainsi que de tous les formes d’expressions culturelles.

Les conférenciers ont essayé de répondre aux questions clés : - Pourquoi investir dans la traduction ? – Quels sont les besoins et les instruments de la traduction pour le dialogue ? – comment atteindre une nouvelle audience et faire participer les jeunes ?  avant de partager quelques initiatives de traduction comme outil le dialogue dans la région.

Quelques bonnes pratiques :

 « En Grèce, nous avons voulu apprendre aux enfants dans les écoles à faire la liaison entre leurs vies quotidiennes et la culture de l’autre. Et c’est ainsi que nous organisons des ateliers de traduction d’ouvrages de littérature dans les classes du cycle fondamental. » raconte la panéliste Mme Eleftheria Binikou, traductrice auprès de la municipalité de Rhodes, lors la session « La traduction comme médiation ».

« La première fois que nous avons organisé cet exercice dans une classe, j’ai été agréablement surprise de voir l’enthousiasme des enfants à jouer, avec une si grande imagination, des rôles d’interprétations dans une culture qui leur est totalement étrangère. » explique Mme Binikou.

« Ma plus belle expérience a été un atelier de traduction en littérature française : un ouvrage de l’écrivain Monika Jenova d’outre-mer. » nous dit la traductrice Grecque. « Nous avions choisi, exprès, un passage qui se passait à Madagascar avec des mots créoles, où les héros avaient comme amis le soleil, la forêt et les animaux. Un univers totalement différent de l’univers des petits citadins qui ne connaissaient que la ville et les jeux électroniques. Et vous ne pouvez pas imaginer l’ambiance qui régnait dans la classe avec toute l’énergie que pouvaient dégager ces petits héros, en s’installant dans leurs rôles. Les interprétations qu’ils avaient imaginées de ces passages en créoles étaient tellement fantastiques que nous avons organisés un spectacle avec les meilleurs textes traduits. »

« Leur enthousiasme est pour nous une grande source de motivation pour continuer ce magnifique exercice qui a pour ambition de construire les citoyens de demain : des citoyens plus humains, moins égoïstes, capables de comprendre les autres, plus tolérants. Ceci est important pour nous en tant que Grecques mais aussi en tant qu’Européens, surtout aujourd’hui que nous recevons beaucoup d’immigrés à cause de la guerre de Syrie. » .

Pour Abelhamid El-Zoheiry, Président d’EMUNI (l’Université Euro-méditerranéenne) dont le siège est à Portoroz – il faudrait faire la distinction entre la traduction linguistique et la traduction culturelle : la première sert à l’accès aux savoirs et la seconde sert au transfert des cultures. En citant l’exemple de la crise Syrienne, il a expliqué qu’en traduisant leur culture et leurs productions culturelles, nous aiderons mieux leur intégration dans les sociétés qui les accueillent. Il cita aussi les programmes que développe EMUNI au sein du programme ERASMUS, notamment le master en business et communication interculturelle – et la traduction d’al Moqaddima (Prolégomènes) d’Ibn Khaldoun commandée par le gouvernement italien.

« En Palestine, nous associons les traducteurs dès le début de nos travaux : de l’écriture aux  répétitions. Sinon nos messages ne passent pas », explique à son tour Marina Barham, la directrice du Théâtre d’Al-Harah. « Traduire un contenu culturel est différent de la traduction littéraire et scientifique. En tant qu’acteurs de la chaîne de traduction, cette conférence nous permet de nous connaître et d’améliorer nos réseaux de travail – elle permet aussi de mieux définir nos besoins et nous espérons qu’elle permettra ainsi d’améliorer la qualité de l’échange culturel dans nos différents pays. »

L’Association Atlas organise depuis plus de 30 ans les assises de la traduction littéraire. Elle a aussi créé une résidence des traducteurs littéraires, dénommée le Collège International des Traducteurs Littéraires. Atlas organise aussi plusieurs ateliers de traduction ouverts aux jeunes lycéens en France, ce qui lui a valu, en 2015, le Label européen des Langues décerné par l’agence Erasmus+France.

Fidèle à une vieille tradition andalouse, la « Escuela de Traductores » de Tolède en Espagne, le challenge - après avoir dépensé plus de 11 millions d’euros dans la traduction de plus de 9.000 ouvrages publiés – est de créé une nouvelle génération de traducteurs en offrant des cycles de formation sur les deux rives de la méditerranée. 

L’Union Européenne - qui emploie aujourd’hui deux mille traducteurs - développe des outils grâce aux nouvelles technologies, pour assister la communauté des traducteurs pour mieux et plus de traduction.

Le Manifeste de la Slovénie.

Globalement satisfaits de l’ambiance et des résultats de cette première conférence – à peine altérée par les résultats du Brexit -  les participants se sont réunis une dernière fois pour faire le bilan, ce samedi 24 juin 2016.

Dans son discours de clôture, le Directeur Exécutif de la Fondation Anna Lindh, Hatem Attallah - après avoir remercié les panélistes et tous les intervenants pour leurs riches contributions – remercié les autorités Slovènes pour la qualité de l’accueil et de leur hospitalité dans le majestueux centre de congrès de Slovénie, le « Bernardin » - a décliné la feuille de route pour la traduction en Méditerranée et lancé le « Manifeste de la Slovénie pour la Traduction ».

Une feuille route qui regroupe les principales recommandations de la conférence – qui rappelle à la nécessité d’une meilleure compréhension réciproque dans la région par la traduction littéraire, des sciences sociales et de la culture – et qui s’engage à recenser et à soutenir les différentes initiatives existantes dans le domaine de la traduction - à créer un fonds de soutien pour les acteurs de la traduction – à créer une plateforme interactive pour tous les usagers de la traduction.

Le manifeste de la Slovénie pour la traduction, a fait l’objet d’une pétition en ligne, initiée par le Collectif de traducteurs, d'auteurs, de cinéastes et de metteurs en scène. La pétition a été signée en premier lieu par d’illustres personnalités dont : Adonis, Roger Assaf, Alaa Al-Aswany, Alessandro Barbero, Mohammed Berrada, Barbara Cassin, Georges Corm, Costa-Gavras, Jean Daniel, Gilles Gauthier, Nedim Gürcel, Jens Christian Grondahl, Sonallah Ibrahim, Richard Jacquemond, Drago Jancar, Khaled Al-Khamissi, Claudio Magris, Ahlem Mosteghanemi, Wajdi Mouawad, Françoise Nyssen, Erik Orsenna, Boris Pahor, Mazarine Pingeot, Danièle Robert, Fawzia Zouari.

La conférence sur la Traduction pour le Dialogue - qui entre dans le cadre du protocole d’accord signé entre la Fondation Anna Lindh et ses partenaires : le Ministère des Affaires Etrangères de la République de Slovénie et l’Université euro-méditerranéenne (EMUNI) – a bénéficié du soutien de l’UNESCO, du Parlement Européen, de la Ministre de la Culture et de la Communication de France et de l’Organisation Internationale de la Francophonie.

Maïmouna Saleck

Portraits : Ces militantes qui dérangent en Mauritanie.


Aminetou, Mekfoula, Mey, trois femmes, trois générations différentes. Elles mènent le même combat : la liberté d’expression, le droit de vivre libre, l’égalité, l’émancipation. Elles ont reçues, toutes les trois, les mêmes menaces, les mêmes insultes, les mêmes brimades et subissent les mêmes pressions familiales, sociales. Mais, elles résistent …

De la politique aux droits humains :

Minetou Mint Ely, devenue Aminetou mint Mokhtar en achetant un faux passeport pour fuir la Mauritanie des années de braise (1989-1990[i] ), paie depuis son adolescence le prix fort pour sa rébellion contre les systèmes politiques et tribaux en Mauritanie.

« Oui, je dérange depuis toujours, car j’ai osé dire non à ma famille, d’abord, puis au système. » explique Aminetou. «Mes parents possédaient des esclaves et j’étais contre cela, ils m’ont donné en mariage à un ami de mon père alors que j’avais à peine 13, je me suis rebellée. Puis, je suis rentrée en politique, dans le mouvement des kadihines[ii], pour faire la prison et subir la torture. »

Quarante ans plus tard, Aminetou est la présidente d’une ONG de défense des droits de la femme. Elle défend les femmes victimes de toutes les formes de violences, d’esclavage, mais aussi les hommes victimes d’injustice, même ceux qui veulent sa tête.

«J’ai fait l’objet d’une fatwa religieuse d’un fanatique qui a demandé aux bons croyants de me couper la tête après m’avoir crevé les yeux, car j’étais une mécréante. Et pourtant, lorsque les amis salafistes de mon bourreau, ont été victimes d’abus de la part de la police et de vices de procédures, j’ai dénoncé, j’ai demandé justice pour eux » affirme cette militante, candidate au prix Nobel de la paix 2015.

 « Mais demander un procès juste et équitable pour un jeune homme accusé d’apostasie et condamné à mort après son repentir, était suffisant, pour ce soi-disant mufti[iii], pour m’envoyer à la potence. » conclut Aminetou avec amertume.

Mais Aminetou Mint Mokhtar n’est pas la seule à figurer sur cette liste noire des femmes à éliminer ; Makfoula Mint Brahim, une biologiste, militante pour la liberté d’expression des femmes, aussi.

Pour la liberté d’expression :

Makfoula raconte : « J’ai osé interpeller les religieux, j’ai osé les contredire, j’ai osé donner ma vision de l’islam. Et cela est tout simplement blasphématoire dans notre société, une société qui ne donne pas la parole à la femme, qui ne lui donne même pas une chaise dans l’espace public. »

Elle se souvient : «La goutte - qui va faire déborder mon vase trop plein de toute cette injustice vécue  ou entendue -  a été le jour où j’ai décidé de vivre seule avec mon fils de 10 ans, après mon 3ème divorce. J’avais ma maison, mon travail, ma voiture et je voulais vivre ma vie, comme je l’entendais ».

Mais sa famille qui voulait qu’elle regagne le domicile familial, comme le veut la tradition, a essayé de l’empêcher.

« Dans notre société, la famille décide tout pour la femme : ses études, ses voyages, ses loisirs, ses fréquentations. Le seul droit qu’elle a, c’est le choix du menu de la cuisine… »  explique Makfoula .

« On nous donne l’impression d’être reines, or nous sommes esclaves ! Nous devons nous taire : taire nos souffrances, si nous sommes maltraitées -  taire notre tristesse, si nous sommes malheureuses - taire nos besoins, nos désirs. Et la religion est l’outil le plus utilisé après les us et coutumes pour nous brimer, nous asservir, nous avilir. Alors, j’ai décidé de me battre pour moi, et pour les femmes de mon pays   

Suivie par plus de 11.000 lecteurs, la page facebook de Makfoula  enflamme très souvent les débats sur les réseaux sociaux, mais aussi les débats des salons de Nouakchott.

Icône malgré elle :

Quant à Mey Moustapha, elle est devenue une icône des jeunes de sa génération, un peu malgré elle.

« Je reçois des insultes quotidiennes et des menaces parce que j’ai écrit sur ma page facebook que je suis pour la laïcité, qu’elle seule peut garantir la liberté pour tous. Les gens confondent facilement la laïcité avec l’athéisme. Je n’ai jamais provoqué personne, mais le choix de mon métier de cinéaste est lui-même considéré comme une provocation par notre société qui est conservatrice » déclare Mey Moustapha.

Cette jeune fille d’une vingtaine d’année a choisi d’apprendre les métiers de la photo et du cinéma dès l’âge de 13 ans. Et depuis quatre années, elle réalise des courts métrages, dont son dernier « Ishtar et Isis », un film qui dénonce les pressions psychologiques sur les femmes.

« Mon dernier film a été primé au festival Karam de Gaza et d’Amterdam, mais ici il a été mal interprété » explique la jeune cinéaste. « Certains même l’ont traité de film pornographique. »

Elle poursuit : « Lorsque j’ai fait un appel de casting pour mon prochain film, j’ai reçu 25 filles pour le rôle principal. Elles me confient qu’elles aimeraient tellement travailler dans mon film, mais qu’elles n’osent pas à cause de leur famille. C’est tellement mal vu pour un garçon déjà de faire du cinéma, à plus forte raison une fille. Et ceci me fait très mal. »

Finalement, la jeune fille ne demande pas grand-chose, selon ses propos, juste le droit de faire le métier qu’elle a aimé et choisi et de vivre libre dans un pays qui lui garantit ses droits.

L’avocat des « diables » :

Chevie Baba est un jeune cinéaste, engagé pour l’émancipation des femmes. Il est en train de finaliser son premier film documentaire, « Exception : Trois femmes, trois générations, un seul rêve ».

Il explique ses motifs et objectifs : « j’ai entendu parler de Aminetou Mint Mokhtar dans les quartiers périphériques de Nouakchott, comme étant un suppôt de satan. Cela a piqué ma curiosité et c’est ainsi que je l’ai connu. J’ai découvert une femme courageuse, engagée, productive comme les femmes qui ont peuplé mon enfance. Comme Mekfoula et Mey que j’ai connu à travers leurs publications sur les réseaux sociaux.»

« Avant » dit-il « les femmes mauritaniennes étaient plus ouvertes, plus courageuses, bien dans leur peau. Aujourd’hui, je les trouve tristes, coincées, effacées et cela m’attriste. J’ai donc voulu, à travers mon documentaire, montrer les femmes qui peuplent mon rêve pour mon pays, et aussi j’ai voulu montrer qu’elles sont normales, qu’elles n’ont rien de diabolique. »

Trois femmes, quatre générations de femmes mauritaniennes :

Selon A.M. sociologue, la Mauritanie a connu quatre générations de femmes :

« -  La première, est la génération de l'indépendance (1960) qui entame une marche calme et silencieuse vers l'émancipation par l’accès à l'école, l’accès au travail, la responsabilité politique ;

- La seconde, représentée ici par Aminetou, est la génération des grandes sécheresses (années 70) qui, sur fond d'éclatement des structures socio-économiques traditionnelles, construit, au carrefour des grands courants révolutionnaires de l'époque (révolution culturelle maoïste, mai 68,  guévarisme,...), une vision de l'émancipation (de toutes et de tous) essentiellement basée sur l'action politique. 

- La troisième, représentée par Mekfoula, est la rencontre d'un tempérament personnel fondamentalement libre et provocateur avec une vision du monde construite sur l'engagement civil tous azimuts porté par le phénoménal développement des organisations de la société civile.

- la quatrième, représentée par la jeune réalisatrice, semble vivre un conflit de générations où elle revendique une liberté abstraite.

Les quatre trajectoires peinent à représenter les femmes mauritaniennes, parce qu’elles sont plurielles, telles qu'elles luttent, même en les subissant, au quotidien contre des  formes de dépendance souvent très subtiles car enrobées dans des pratiques d'adulation aliénantes.»  Fin de citation.  























[i] Voir conflit mauritano-sénégalais sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Conflit_s%C3%A9n%C3%A9galo-mauritanien
[ii] Les kadihines est un mouvement contestataire, né en milieu estudiantin dans les années 60 an Mauritanie.

[iii] Un muftimoufti ou muphti (مفتي) est un religieux musulman sunnite qui est un interprète de la loi musulmane ; il a l'autorité d'émettre des avis juridiques, appelés fatwas.