Depuis ma tendre enfance, je rêve souvent
d’être riche. Devant des situations d’émerveillement, devant les belles images
des magazines, devant les films fantastiques de rois et de reines, je me dis : « quand
je serai riche, j’achèterai une belle maison, un château même, avec des
piscines, un hammam privé, j’aurai quatre jardins (un pour chaque saison), j’aurai
un haras, j’aurai des rivières de diamant, ....
Il m’arrive aussi souvent d’essayer
d’imaginer les rêves des enfants des riches ... ceux qui sont nés vraiment
riches... ceux qui sont nés dans les cliniques aseptisées de Paris, de New
York, langés dans des layettes en soie, bercés par les bras de nounous
espagnoles ou philippines.
Si, si, ces enfants existent bien
en Mauritanie. Certes ils ne se comptent pas par milliers, mais ils existent
bel et bien. Les enfants des quelques hommes d’affaires bien nantis de mon
pays.
Ces enfants qui ont appris à jouer
au ballon avec des bas et des genouillères sur des pelouses bien tondues, ces
enfants qui ont fréquenté le Lycée Théodore Monod ou l’American School.... Ces
enfants à quoi rêvent-ils ? Que disent-ils ? Quand je serai grand, je
serai le plus fort, le plus beau ? Je ferai le tour du monde en 24H ?
J’irai au Tibet ?
J’aimerai savoir, si ces enfants là
se disent : un jour quand je serai grand je construirai un hôpital Américain à Nouakchott, à Néma ou à Sélibaby,
ou quand je serai grand je construirai des HLM dans toutes les villes de Mauritanie,
j’offrirai des livres à tous les enfants, des poupées, des chocolats ....
Lorsque je suis devenue plus
grande, je me dis, souvent devant des situations d’impuissance : « si
j’étais riche, j’aurai fait ceci ou cela »...
Je me dis aussi quand je serai
riche, je réaliserai tous les projets que j’ai dessiné un jour :
construire une grande école de petits métiers pour les jeunes filles dans
chaque ville du pays, créer des cantines gratuites dans chaque école publique,
y construire un théâtre, créer un parc de jeux dans chaque quartier, acheter et
restaurer la première maison et le premier bureau de Mokhar ould Daddah, en
faire un musée, ...
Mais je continue toujours aussi d’imaginer les
pensées de ces enfants de riches lorsqu’ils deviennent grands, à quoi
rêvent-ils ?
Nous voyons souvent ces jeunes - qui
sont les héritiers d’une génération d’hommes d’affaires mauritaniens,
généralement des hommes self made man devenus patrons d’empires financiers sans
formation ni préparation préalable – perpétuer les affaires de leurs géniteurs
sans beaucoup d’imagination.
A quoi rêvent ces jeunes
riches ? Rêvent-ils d’avoir la plus belle villa secondaire de la
ville ? Une villa cinq étoiles, avec mosquée privée dotée d’une sono HD,
écrans plasma transmettant en direct les prières de la Mecque ? Un green
15 trous ? Un home-cinéma dans chaque chambre ? Un harem de mille et
une filles ?
Verrons-nous un jour, l’un de ces
jeunes riches émerger du lot et devenir mécène ? Mécène humanitaire ?
Mécène culturel ? A investir ailleurs que dans les sphères politiques et
privées. A cultiver la culture du mécénat, à cultiver des valeurs hors champs
mercantiles, pour la cause publique, pour l’estime de soi.
Nous avons déjà une expérience de
mécénat avec l’exemple de l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou, qui a créé
un hôpital ophtalmologique à travers sa fondation.
Même si certains disent que c’est
du blanchiment d’argent, ou du détournement de l’aide (Philip Morris), ou une
arnaque... cette arnaque au moins aura servi à soulager quelques milliers de
souffrances.
Vivement, d’autres fondations, ce
ne sont pas les chantiers en souffrance qui manquent... en fait nous manquons
de tout ... sauf de pauvres !